Agence de Développement de l'Economie et de l'Environnement de la Province de Hainaut

MARES EN DANGER

Les mares temporaires et les milieux stagnants constituent des ressources naturelles primordiales pour le maintien de la biodiversité. Comme tous les milieux humides, elles sont des habitats en régression, menacés par les activités humaines.
Les milieux aquatiques et les mares, tout particulièrement, sont soumis à trois types de dégradations: chimique, physique et biologique.
Chimique d’abord, parce que l’activité humaine rejette de plus en plus de matières organiques et de nutriments – on parle d’eutrophisation –, c’est l’exemple typique des algues vertes.
Physique ensuite, car l’urbanisation et l’aménagement du territoire entraînent l’assèchement des mares et leur disparition.
Biologique enfin, car il faut reconnaître que les introductions d’espèces réalisées par l’homme ont bouleversé certains équilibres, impossibles à rétablir.
La mare est soumise également à un processus naturel d’évolution, la conduisant progressivement vers son comblement (disparition de la lame d’eau libre) et son remplacement par un boisement humide.

L’eau, une ressource précieuse.

Comment ne pas s’émerveiller devant une pièce d’eau remplie de vie? Chacun de nous est fasciné, d’une manière ou d’une autre, par le milieu aquatique. L’eau est ô combien précieuse et omniprésente dans le monde qui nous entoure. L’origine de la vie y a commencé il y a 3,5 milliards d’années.

A l’heure où les routes, les zonings industriels et les vastes espaces cultivés dénaturent la valeur de nos paysages et remplacent les milieux naturels, la création d’oasis naturels dans son jardin constitue une action efficace de protection de la nature et de sa biodiversité, un outil didactique passionnant pour les enfants de tous âges ainsi qu’un atout esthétique inégalable.

Invitons la mare dans notre jardin, notre entreprise, notre commune ou encore, notre école. Il y a tant à apprendre d’elle.

Espaces à préserver!

Au-delà de la dimension esthétique et relaxante de la mare, cette dernière est un lieu de refuge et d’alimentation pour les animaux. La mare a, par conséquent, un haut potentiel biologique et vous invite à la découverte d’un milieu passionnant et grouillant de vie.

Ses avantages sont nombreux. Que ce soit au niveau de la préservation d’espèces menacées (habitats qui se réduisent par la disparition de l’espace naturel au profit de logements, l’industrie,…) ou lors d’évènements caniculaires, elle est une importante ressource pour bon nombre d’espèces d’oiseaux,…

Les mares sont des hauts lieux de biodiversité à portée de tous, mais surtout à préserver!

La mare, un trésor de biodiversité.

Une mare est une petite étendue d’eau dormante atteignant au maximum 1,5 mètre de profondeur. Un filtrage mécanique n’est pas indiqué puisqu’il est question, ici, de mare naturelle.

L’intervention de l’homme sera limitée au minimum afin de permettre aux espèces indigènes de s’y développer librement.

Par la colonisation naturelle des plantes et des animaux de nos régions, on atteindra rapidement un équilibre écologique garant du bon état sanitaire et du bon fonctionnement du milieu aquatique.

L’intérêt d’une mare dans l’environnement.

La préservation du milieu naturel doit s’imposer à chacune et chacun d’entre nous comme une réalité.

La valeur écologique des mares est primordiale. Ainsi, les mares, même isolées, servent de refuge pour de nombreuses espèces, et particulièrement en contexte urbain ou d’agriculture intensive. Cet isolement peut également favoriser la protection des communautés aquatiques contre les maladies ou la propagation des espèces invasives.

De par leurs diversités et leurs spécificités, les mares abritent une faune et une flore particulièrement riches. Elles offrent donc refuge, lieu de reproduction, d’alimentation et, bien entendu, un lieu de vie à de nombreuses espèces (par exemple, pour les batraciens dont certains sont très menacés et dont la plupart sont protégés à l’échelle nationale). Ces micro-zones humides abritent d’ailleurs près de 15 % des espèces protégées.

L’existence des réseaux de mares est cruciale pour le maintien de certaines espèces. Ces réseaux sont également nécessaires à de nombreux mammifères et oiseaux en tant qu’éléments particuliers de l’ensemble des habitats que ces espèces ont l’habitude d’utiliser. Ils participent donc au maintien des continuités écologiques indispensables à la faune et à la flore.

Triton alpestre

Le Triton alpestre (Ichtyosaura alpestris) est le plus représenté au sein de la province du Hainaut. Mesurant entre 7 et 12 cm, on le trouve dans les points d’eau stagnante de toutes sortes, des étangs jusqu’aux fossés, mares de jardin, abreuvoirs et ornières forestières.
Le Triton alpestre est un animal amphibien. S’il passe une partie de l’année sur terre, il a aussi besoin d’eau pour se reproduire et, vers février-mars, pondre des œufs qui donneront des larves aquatiques. En phase terrestre, souvent dans les jardins, il ne sort de sa cachette que la nuit et rampe lentement sur le sol à la recherche de nourriture. Sa longévité maximale est d’environ dix ans.

RECREER UN RESERVOIR DE VIE

Concevoir ou implanter une mare dans son jardin en quelques étapes…

Choix de l’emplacement

Petite nymphe au corps de feu (Pyrrhosoma nymphul)La mare doit être implantée dans un endroit dégagé et ensoleillé: la lumière et la chaleur sont indispensables au bon développement de la végétation aquatique et au bon équilibre biologique de la mare. On parle ici d’une surface d’ensoleillement de 2/3. Idéalement, la mare accueille le soleil d’est en ouest afin de réchauffer l’eau le matin et en fin de journée.

Elle doit être creusée à l’écart des arbres pour éviter l’accumulation de feuilles mortes ou d’aiguilles de résineux. Celles-ci provoquent, en effet, à court terme, une acidification de l’eau, l’apparition d’une coloration brunâtre et un envasement excessif. C’est le phénomène d’eutrophisation.

On veillera toutefois à placer la mare à proximité d’une haie ou d’une zone non tondue qui constituera un refuge idéal pour la faune.

Il faudra veiller à garantir un accès privilégié à la mare pour l’observation de celle-ci, son entretien aisé et sa sécurisation (enfants, animaux de compagnie,…).
Afin que les amphibiens puissent entrer et sortir facilement de l’eau, surtout si l’eau de la mare est basse, il faudra penser à placer une planche en bois faisant office de rampe. Cette planche devra être placée face au sud.

Un point d’eau par habitation est autorisé sans permis d’urbanisme, s’il est situé à l’arrière de l’habitation et à plus de 3 mètres de la limite de propriété (Extrait du Code du Développement territorial – Wallonie (CoDT) Art.R.II.36-5. Mare – Juin 2020).
Les conditions suivantes doivent être remplies pour être dispensé de permis:

  • une seule mare ou un seul étang par habitation;
  • dans l’espace de cours et jardins de l’habitation;
  • superficie maximum de 75 m²;
  • à 3 mètres au moins des limites mitoyennes;
  • les déblais n’entraînent aucune modification sensible du relief du sol sur le reste de la propriété.

Quelles forme et dimensions choisir?

Passerelle d'observation mareLa forme sera irrégulière (soucis d’esthétisme), avec des contours courbes et asymétriques pas trop compliqués afin d’éviter les problèmes inhérents à la réalisation (chutes et découpes de matériaux notamment).

La surface disponible pour creuser une mare est rarement un facteur limitant: avec 2 à 3 m² bénéficiant de bonnes conditions d’ensoleillement, il est déjà possible de créer un petit milieu aquatique susceptible d’attirer toute une foule de batraciens et d’insectes.
En général, la surface habituelle d’une mare varie entre 3 et 25 m² pour les plus petites et peut atteindre une centaine de mètres carrés pour les plus grandes.

Afin de permettre le développement de diverses ceintures de végétation, d’éviter les éboulements de terre et de réduire, lors des fortes gelées, la pression de la glace sur les parois de la mare, il est important de créer des rives en pente douce.

Des zones plus profondes, allant jusqu’à 80 centimètres voire 120 centimètres de profondeur, sont importantes dans la mesure où elles permettent de conserver des zones d’eau libre dépourvues de végétation aquatique. Qui plus est, ces zones profondes constituent un abri sécurisant pour les animaux de la mare en cas de fortes gelées hivernales.

Chantier en cours!

La période la plus appropriée pour creuser une mare se situe en fin d’été, avant les grandes pluies d’automne et d’hiver, qui assureront le remplissage le plus rapide.

Disposer successivement sur les parois de dépression creusée: une couche de 5 centimètres de sable (surtout si le sol est caillouteux) puis, un feutre (préférable au géotextile) entre le sable et la bâche et disposer ensuite une bâche en plastique (ou le bassin préfabriqué,…).

On dispose la bâche sur les parois de la cavité en épousant au mieux la forme de celle-ci.

Déposer ensuite, sur la bâche, une fine couche de terre qui servira de substrat et dans laquelle la végétation pourra s’enraciner.

Pour arrimer la bâche, il faut couper les bords de celle-ci et cacher ce qui reste sous le gazon. Les berges seront ensuite aménagées et, éventuellement, consolidées avec des pierres plates, des rochers,…

 

Calcul de la dimension de la bâche à acheter:
L = Lmax + (2 x Pmax)
l = lmax + (2 x Pmax)
L = longueur de la bâche à acheter / Lmax = longueur maximale de la mare
l = largeur de la bâche à acheter / lmax = largeur maximale de la mare
Pmax = profondeur maximale de la mare

Evolution de la mare

On veillera à limiter la quantité de végétaux qui se décomposent dans la mare (apport de feuilles mortes, par exemple). Un curage progressif est quelques fois nécessaire. La période idéale est l’hiver, en dehors de la période de reproduction des batraciens.
Une bande non fauchée autour de la mare constitue une zone refuge pour les insectes et batraciens qui, à certaines saisons, s’éloignent un peu du milieu aquatique.

Il faut veiller à ce que la mare ne s’assèche pas en été car les matériaux de construction, exposés aux rayons du soleil, se dégradent facilement. Il faut donc prévoir un apport progressif d’eau. Il faudra privilégier nettement l’eau de pluie quand c’est possible, l’eau étant une ressource précieuse.

Limiter, au fil du temps, l’envahissement par les plantes aquatiques, surtout pour les mares de petites dimensions, afin d’éviter un comblement progressif du plan d’eau.

L’eutrophisation1 est, sans conteste, le problème le plus important que l’on rencontrera durant toute la vie de la mare.

Une mare en bonne santé se caractérise par un développement équilibré de sa faune et de sa flore ainsi que par le caractère limpide et translucide de son eau.

Evolution de la marre

1 Eutrophisation: accumulation graduelle de débris organiques dans les eaux stagnantes, due à l’activité métabolique des organismes qui les habitent, provoquant l’appauvrissement en oxygène des eaux profondes
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