Un mois après la tenue à Marrakech de la COP 22 (la 22e conférence de l’ONU sur les changements climatiques), le monde se réunit à nouveau pour parler d’environnement. Mais cette fois-ci, cela se passe à Cancún, au Mexique. Et cette fois-ci, il est question de biodiversité. La 13e conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique, surnommée «COP 13 biodiversité», s’est ouverte dimanche et se tient jusqu’au 17 décembre. Dans l’indifférence générale. Pourtant, les espèces et écosystèmes disparaissent à un rythme ahurissant et inédit. Dernière illustration en date : le caribou et le papillon monarque désormais «en voie de disparition». L’urgence est là, autant que sur le climat. Et les enjeux sont au moins aussi cruciaux, les deux sujets étant d’ailleurs liés. Entretien avec Yann Laurans, directeur biodiversité à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), à Paris.
Une COP biodiversité, est-ce l’équivalent d’une COP sur le climat ?
Oui, elle découle des trois conventions signées à Rio durant l’historique Sommet de la Terre de 1992. Il y en a une sur le climat, une sur la désertification, et celle-ci, sur la diversité biologique. Cette convention réunit presque toute la planète, à l’exception des Etats-Unis, George Bush Sr ne l’ayant pas fait ratifier. Par celle-ci, nos gouvernements se sont engagés à arrêter la destruction de notre patrimoine naturel commun. Ils se retrouvent tous les deux ans, contre tous les ans pour les conférences climat.
Que peut-on en attendre de cette COP ?
A la fois pas grand-chose et beaucoup. Pas grand-chose parce que cette convention laisse toute latitude aux Etats de mener leurs politiques. Beaucoup parce que pendant ce type d’événement, la communauté internationale forge ses idées communes sur ce que doit être la politique de la biodiversité. Et de manière diffuse, ces idées influent sur les politiques des gouvernements en matière de conservation, de développement, de recherche. Plusieurs sujets sont apparus durant les COP du passé, qui ont fait l’objet de négociations poussées et d’engagements croissants. Par exemple, la reconnaissance des droits des peuples indigènes et des communautés locales à être associés à toute utilisation du patrimoine biologique et génétique qui se trouve sur leurs terres, et qui a donné lieu, en France, à certaines des dispositions de la récente « loi biodiversité ». Ou bien l’utilisation des instruments économiques pour rémunérer les acteurs qui font des efforts pour la biodiversité.
Les précédentes COP n’ont pourtant pas permis d’enrayer la perte de biodiversité…