Le tourisme d’affaires ou MICE pour “Meetings, Incentive, Conferences, Exhibitions” représente un pan de l’activité touristique particulièrement porteur en province du Hainaut. Un secteur aux retombées financières très importantes car, quand un touriste “classique” dépense en moyenne 60 € par jour, celui qui se déplace dans le cadre MICE sort de sa poche 97 €
. Et, ces dernières années, en Hainaut, les outils susceptibles d’attirer les touristes “business” se sont multipliés.Un aéroport “business friendly”
En 2017, à Brussels South Charleroi Airport, 31 % des pas- sagers qui ont fréquenté l’aéroport l’ont fait pour des raisons professionnelles. Un chiffre déterminé sur des vols hors destinations 100 % touristiques comme les Canaries, par exemple. Des passagers des compagnies installées à Charleroi qui ne représentent pas la seule clientèle “business” puisque la piste carolo accueille également de l’aviation d’af- faires, des vols qui occupent aujourd’hui un peu plus de 5 % de l’activité de l’aéroport de Charleroi.
Mais, durant ce printemps 2018, BSCA va vivre un véritable tournant dans son histoire en accueillant les premiers vols de la compagnie Air Belgium (Cf. interview CEO Air Belgium). “L’arrivée d’Air Belgium va ouvrir notre aéroport vers l’Asie et nous permettre de voir un nouveau profil de passagers apparaître”, indique Vincent GRASSA, Porte parole de BSCA. Pour accueillir cette nouvelle clientèle, l’aéroport va aménager un véritable terminal business au sein de l’ancien terminal passager. Un investissement qui doit “faciliter et améliorer l’expérience du passager”. Le chantier qui va bientôt débuter devrait durer un an. En attendant, des solutions alternatives seront proposées aux passagers business d’Air Belgium.
Des hôtels en plein boom
Au cœur des activités du tourisme d’affaires se trouvent évidemment les hôtels. Ce sont eux qui sont les principaux bénéficiaires du MICE. Rien qu’en 2017, en Wallonie, 600 000 nuitées
étaient liées à des voyages business. Un secteur qui a connu un important développement ces dernières années en Hainaut, notamment sous l’impulsion de Mons 2015. Une Capitale européenne de la Culture qui a apporté une importante visibilité à la région.Et, en Hainaut, plusieurs hôtels fonctionnent avec une part importante, voire majoritaire de clientèle business. Evidemment, ceux situés à proximité immédiate de l’aéroport de Charleroi captent de nombreux clients adeptes du costume-cravate plutôt que du bermuda à fleurs. D’autres, positionnés à des emplacements stratégiques en bordure de nœuds routiers, comme l’hôtel Orange à La Louvière sont aussi fréquentés par de nombreux clients business. Et, pour certains, le secteur MICE est le cœur même de leur activité, comme à Mons où le Congres Hotel fonctionne avec plus ou moins 75 % de clientèle business.
En termes de fréquentation, si en 2016 les clients belges sont toujours les plus nombreux à l’échelle de la Wallonie, les étrangers grappillent des parts de marché. Avec un podium international constitué par les Français (55 000 nuitées), les Néerlandais (31 700) et les Britanniques (22 000)
. A noter qu’à Mons, notamment, les clients américains, en lien avec le SHAPE sont aussi particulièrement nombreux. Des clients qui auront représenté un chiffre d’affaires de 57 millions rien qu’en nuitées en 2016.Des centres de congrès à la pointe
Maillon faible il y a encore quelques années, la capacité d’accueil des centres de congrès ou halls d’expositions po-
lyvalents a connu une importante croissance ces dernières années. Portée par plusieurs projets majeurs, l’attractivité du Hainaut pour les organisateurs d’événements s’est donc particulièrement renforcée.
- MICX
Vaisseau amiral du renouveau hainuyer en la matière, le Mons International Congress Xperience (MICX) a été inauguré en janvier 2015. Œuvre de l’architecte mondialement connu Daniel LIBESKIND, il offre à la capitale de la province un outil ultramoderne à la signature visuelle remarquable. Doté de plusieurs salles modulables, dont un auditoire de 500 places ou un espace aménageable de 1 600 m², le MICX a, d’emblée, trouvé son public et vient se positionner aux côtés des infrastructures de congrès de Liège et Namur. - Louvexpo
Bâti sur le site de l’ancien hall des expos, le Louvexpo à La Louvière permet à la cité des Loups de profiter d’un outil extrêmement polyvalent, idéalement situé au cœur du Hainaut. Avec sa surface de 4 800 m² modulables en cinq espaces, il accueille des activités particulièrement variées. Concerts, salons, conférences, ou encore compétitions sportives, trouvent leur place au Louvexpo. Un site qui a également déjà accueilli l’enregistrement d’un jeu télévisé pour la chaîne française M6. - Lotto Mons Expo
Situé à quelques mètres à peine du MICX, le Lotto Mons Expo fait presque figure de vétéran dans le paysage des lieux d’accueil en Hainaut. Complexe de 15 000 m², il est doté d’une polyvalence qui lui a déjà permis d’être occupé par de très nombreuses foires ou salons, par des événements culturels de renommée internationale, comme le Festival international du Film d’Amour de Mons, ou encore par de grandes compétitions sportives à l’image de l’Ethias Trophy. Un lieu qui a également trouvé toute sa place lors de Mons 2015 avec, notamment, l’organisation, en son sein, de Culturallia. Ce grand événement destiné aux entreprises du secteur de l’Industrie culturelle et créative. Culturallia qui sera d’ail- leurs de retour en 2018 au MICX (cfr p19). - Charleroi Expo
Fermé depuis ce début d’année, le site de Charleroi Expo va connaître une profonde transformation dans les mois à venir pour en faire un lieu majeur du MICE en Hainaut et, plus largement, en Wallonie. Trop vétuste, le site actuel ne répondait plus aux besoins de ses clients potentiels. Et, pour positionner Charleroi sur la carte du tourisme d’affaires, un véritable centre de congrès va également voir le jour. Avec une enveloppe de 24 millions d’euros, il permettra à la plus grande ville de Wallonie de s’inscrire dans la croissance du MICE au sud du pays. Un nouvel outil qui côtoiera également un Palais des Beaux-Arts qui aura, lui aussi, subi un impor- tant lifting.
Une offre culturelle et de loisir attrayante
Si le tourisme d’affaires profite surtout aux hôtels et aux centres de congrès, les organisateurs actifs dans le secteur MICE, sont également très sensibles aux activités annexes qu’ils peuvent proposer. Et, dans ce domaine, le Hainaut regorge de possibilités. Comme en témoigne le catalogue de Hainaut Meeting & Events, l’offre hainuyère est particulièrement large et a pu, évidemment, bénéficier de l’effet Mons 2015 pour prendre de l’envergure.
- Pôle muséal montois
En quelques années, sous l’impulsion de Mons 2015, Mons a vu le nombre et la qualité de ses musées bondir. Du Musée du Doudou à Silex’s en passant par le Mons Memorial Museum ou encore, bien évidemment, le BAM, les possibilités sont aussi nombreuses que variées et permettent, dorénavant, au chef-lieu de la province de viser un public qui va au-delà du touriste d’un jour. Des musées qui proposent, pour la plupart, des formules à destinations des entreprises comme, par exemple, l’Artothèque qui peut mettre à disposition son espace numérique d’une capacité de 60 personnes. - Les Lacs de l’Eau d’Heure
Si les familles sont les cibles privilégiées des Lacs de l’Eau d’Heure, le site propose un panel d’activités qui peut convenir à des entreprises à la recherche notamment de Team building. Ces dernières années, les Lacs ont vu fleurir de nouvelles possibilités, comme le golf, le bike park, le spin cablepark ou encore le Natura Parc. Et, pour renforcer son offre, un hôtel est en train de sortir de terre. Un outil qui disposera également d’un espace bien-être et de salles de séminaire. L’idéal pour des mises au vert business. - Pairi Daiza
Si, à l’instar des Lacs de l’Eau d’Heure, la clientèle “entreprise” n’est pas au cœur de la stratégie de Pairi Daiza, le parc développe néanmoins une offre importante à destination du public business. “Nous développons une offre à la carte. De 20 à 20 000 personnes, Pairi Daiza peut être le lieu idéal pour une journée du personnel, la présentation d’un nouveau produit ou l’organisation d’un événement de prestige en soirée”, précise Aleksandra VIDANOVSKI, la Respon- sable Relations publiques du domaine situé à Brugelette. Et, avec ses nombreux restaurants ou espaces polyvalents, leparc dispose de multiples atouts. Enfin, Pairi Daiza va vivre, en 2019, une petite révolution avec l’ouverture de son hôtel, une première pour le site. - Un “Eden” touristique
Preuve de la qualité de l’offre touristique hainuyère, La Louvière et Thuin se sont distinguées lors de la dernière remise du prix Eden (European Destination of Excellence). Une distinction initiée par la Commission européenne et qui vise à récompenser les développements touristiques durables. Et, si Thuin finit finaliste de l’édition 2018, c’est la Ville de La Louvière qui est montée sur la première marche du podium grâce, notamment, à la progression de son bilan touristique. En 6 ans, le nombre de personnes qui ont pris contact avec la Maison du Tourisme a augmenté de 70 %. Le nombre de nuitées dans la ville est en constante évolution: de moins de 50 000 en 2007 à près de 80 000 en 2015. Le nombre de lits en hôtellerie a également progressé .Le jury du prix Eden a ainsi considéré que La Louvière œuvrait à la mise en place d’une gestion durable compte tenu qu’elle:
- fait preuve d’un développement raisonné,
- organise des actions impliquant la population locale et des fournisseurs locaux,
- s’organise afin d’assurer une gestion durable et une viabilité sociale et culturelle
Tourisme d’affaires en Hainaut: une importante marge de progression!
Si les capacités d’accueil et les atouts pour attirer le public MICE en Hainaut ont particulièrement augmenté ces dernières années, la province, comme l’ensemble de la Wallonie, a encore un important chemin à parcourir pour se hisser au niveau de Bruxelles ou de la Flandre. Ainsi, en 2016, la capitale attirait près de 50 % du tourisme d’affaires en Belgique, la Flandre 40 % alors que la Wallonie flirtait avec les 10 %. Et si Bruxelles semble inaccessible avec ses 400 euros dépensés par jour et par personne, la Wallonie ne démérite pas puisque c’est elle qui a connu le meilleur taux de croissance avec 5,7 %
d’augmentation alors que la moyenne belge est de 3 %. Une progression qui prouve que les importants investissements développés ces dernières années portent leurs fruits.De manière globale, le secteur du tourisme en Hainaut connaît une importante et constante croissance. Ainsi, en 2016, le Hainaut a comptabilisé 576 088 arrivées touristiques
pour un total de 1 183 443 nuitées. Alors qu’en 2011, les nuitées étaient de 856 000. En 5 ans, le Hainaut a donc connu une progression du nombre de nuitées de 38 %. Le Hainaut est, par ailleurs, la première province wallonne en termes de croissance pour les nombres d’arrivées et nuitées touristiques . Enfin, dans le détail, les 4 premières destinations en termes de nuitées sont: Charleroi (247 000), Froidchapelle (233 000), Mons (173 000) et Tournai (77 000).
Aurélien LAURENT