Afin d’accompagner son développement socio-économique, la province du Hainaut peut compter sur son tissu d’entreprises particulièrement dynamiques. Que ce soit dans les secteurs dits traditionnels ou dans de nouvelles voies, le Hainaut fait preuve, depuis plusieurs années, d’un encourageant dynamisme. Avec une conséquence parfois trop méconnue: une demande toujours plus importante de main-d’œuvre qualifiée. D’où l’importance cruciale de l’adéquation entre les besoins des entreprises et les offres en matière de formations. Une concordance qui a effectué un important bond en avant ces dernières années.
Les universités hainuyères se rapprochent des entreprises
Si à une certaine époque, aujourd’hui révolue, les universités donnaient l’image d’entités isolées du monde, elles sont désormais particulièrement ancrées dans l’univers de l’entrepreneuriat. Que ce soit via le statut d’étudiant-entrepreneurs ou la création de nombreuses spin-offs encore grâce à des stages en entreprises aujourd’hui très nombreux, les universités ont tissé des liens particulièrement étroits avec les milieux économiques.
Les success strories des spin-offs
Quelles soient issues de l’ULB à Charleroi, de l’UCLouvain – Mons ou de l’UMONS, de nombreuses spin-offs hainuyères ont vu le jour dans le sillage des universités. Mais qu’est qu’une spin-off?
Petite définition: Les sociétés spin-offs, destinées à assurer la valorisation économique du savoir-faire et des résultats de la recherche, traduisent la volonté de créer de la valeur ajoutée et des activités économiques nouvelles à partir des activités scientifiques de l’université. Les entreprises spin-offs apportent une contribution concrète à l’emploi et à l’essor économique, d’autant plus prometteuse qu’elles permettent de maintenir ou de développer des compétences technologiques de haut niveau et ce, dans un environnement proche de l’université et de sa recherche de pointe.
Sans réaliser une liste exhaustive des spin-offs hainuyères, elles sont aujourd’hui plusieurs dizaines à générer de l’activité économique et donc de l’emploi en Hainaut. Historiquement, le Biopark de Charleroi en héberge un certain nombre. Un Biopark qui est lui-même le symbole du rapprochement entre une université, ici en l’occurrence l’ULB, et le monde de l’entreprise.
Et au-delà de l’aspect strictement économique, les spin-offs offrent également d’importantes perspectives de débouchés pour les étudiants à la fin de leur parcours. Des entreprises qui, souvent, recherchent des profils assez pointus et permettent ainsi aux néo-diplômés de trouver un emploi dans un environnement qui garde encore un lien avec le monde universitaire.
Le boom des étudiants-entrepreneurs
Encore considérés comme des ovnis il y a quelques années, les étudiants-entrepreneurs sont de plus en plus nombreux à parcourir à la fois les auditoires et les entreprises. Grâce à la création d’un véritable statut fiscal officialisé en janvier 2017, ces êtres hybrides situés à la croisée des chemins entre l’étudiant et l’entrepreneur sont le fruit d’une autre évolution au sein des universités et des hautes écoles: l’intensification de la pédagogie par projets. Ainsi, par exemple, dès leur première année de bachelier, les étudiants de la Faculté polytechnique de Mons sont amenés à travailler par projets. Des projets qui, parfois, peuvent s’étaler sur plusieurs années et qui peuvent donner naissance à de véritables entreprises. D’où, l’utilité du statut d’étudiant-entrepreneur qui leur permet ainsi de donner vie à leur projet, tout en continuant, en parallèle, leur parcours universitaire.
Des étudiants entrepreneurs qui bénéficient souvent d’un encadrement au sein même de l’université où le développement de l’entrepreneuriat est devenu une priorité. Ils peuvent également participer à des programmes tels que Star-Tech (Faculté polytechnique) ou Projet d’entrepreneuriat (Faculté Warocqué), deux programmes qui font appel à des partenaires extérieurs dont des entreprises.
Les étudiants-entrepreneurs peuvent également frapper à la porte de La Maison de l’Entreprise qui a adapté ses modules d’accompagnement à ces entrepreneurs en herbe. Elle a notamment lancé le programme YUMP qui forme aux aspects pratiques de la création d’une entreprise via un coaching et des conseils de professionnels déjà établis. Un programme qui permet d’avoir une maîtrise de l’ensemble des paramètres indispensables au lancement d’une activité.
Et pour stimuler la fibre entrepreneuriale chez les étudiants, de nombreux concours sont organisés. Soit directement par les universités ou les hautes écoles, ou via des partenaires extérieurs comme la Start Academy ou les Inno pépites junior de La Maison de l’Entreprise.
Une formation permanente
Afin de coller au mieux aux évolutions permanentes ou de permettre à des personnes déjà engagées dans la vie professionnelle de perpétuer leur formation, les universités et les hautes écoles proposent des parcours de formations continues. Des cours organisés, pour la plupart, en horaires décalés, à l’image des masters en sciences de gestion proposés par UCLouvain – FUCaM Mons. Des cursus qu’il est possible de suivre à Mons, mais aussi à Charleroi.
En parallèle de ces formations longues et assez exigeantes en termes de disponibilités, il existe également la possibilité d’acquérir des certificats universitaires dans un très grand nombre de domaines. Ces certificats ne donnent pas accès à un grade académique, mais ils permettent de compléter une formation initiale, d’acquérir une spécialisation ou encore, de maintenir ses connaissances à jour dans son domaine d’expertise. Rien qu’à l’UMONS par exemple, ce sont près de 50 certificats universitaires qui sont proposés avec des cours à suivre en horaires de jour ou en horaires décalés, à Mons, ou à Charleroi.
Les Centres de compétences, aux plus près des besoins des entreprises
Les Centres de compétence sont des lieux d’expertise au service de la formation des travailleurs de demain. Grâce à leurs infrastructures de pointe et leur ancrage dans des pôles de développement économique, ces centres assurent la formation, l’information et la sensibilisation des travailleurs, demandeurs d’emploi, étudiants, enseignants, chefs et cadres d’entreprise, et contribuent au soutien de la compétitivité des entreprises.
Gérés et organisés par le Forem, les 24 Centres de compétences wallons sont répartis en 43 sites dont une majorité en province du Hainaut. Le concept des Centres de compétences est né en 2000 et il vise à se rapprocher le plus possible des besoins des acteurs socio-économiques en mettant, notamment, sur pieds, des partenariats entre secteurs public et privé.
Les Centres de compétences hainuyers sont les suivants:
- Ath: Forem Secteurs verts
- Braine-le-Comte: ConstruForm – Hainaut
- Charleroi: Design Innovation
- Châtelineau: ConstruForm – Hainaut
- Estaimpuis: Forem Logistique – Hainaut
- Gosselies: Forem Cepegra / Forem Management & Commerce / TechnoCampus / Technofutur TIC / WAN
- Hornu: TechnocITé
- Houdeng-Goegnies: Forem Logistique – Hainaut
- Jumet: CEFOVERRE
- Mons: ConstruForm Hainaut / Forem Environnement /TechnocITé/ TechnoCampus – Miniusines
- Mouscron: Forem FormAlim
- Strépy-Bracquegnies: Forem PIGMENTS / TechnoCampus – Assemblage
- Seneffe: CEFOCHIM
Accessibles aux demandeurs d’emploi, aux travailleurs, aux futurs chefs d’entreprises ou encore, aux apprentis, les Centres de compétences proposent un large éventail de formations qui conduisent à une mise à l’emploi rapide ou, pour celles et ceux qui sont déjà actifs, à un complément de leurs compétences.
Certaines formations sont accessibles sans prérequis, d’autres nécessitent un diplôme ou un certificat de qualification. Et, si les formations sont gratuites pour les demandeurs d’emploi, pour les autres profils, elles sont proposées à des conditions particulièrement accessibles.
L’IFAPME, la voie directe vers un métier
Créée en 2003, l’IFAPME (Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et petites et moyennes entreprises) forme en alternance à une multitude de métiers. Plafonneur, frigoriste, charpentier, restaurateur, mécanicien, opticien, agent immobilier ou même, détective privé!
La pédagogie de l’alternance propose une interaction particulièrement intense entre l’entreprise et le Centre de formation avec, au cœur du projet, le contact dès le début de la formation avec l’univers professionnel. Concrètement, l’élève alterne des journées en entreprise avec des cours théoriques. Une complémentarité qui fait le succès des formations proposées par l’IFAPME.
Un taux d’insertion professionnelle élevé
Un modèle qui a fait ses preuves puisqu’une étude menée par l’ULg, en 2007, démontre que 88 % des apprentis diplômés ont trouvé un emploi dans les 6 mois qui ont suivi la fin de leur formation.
Aujourd’hui, l’IFAPME est organisée en un réseau de 8 Centres de formation répartis sur 16 sites dont 5 en Hainaut: Braine-le-Comte, Charleroi, La Louvière, Mons et Tournai.
En parallèle de son offre “classique”, l’institut propose également de nombreux programmes de formations dites continues qui permettent à des personnes déjà actives dans le monde du travail, de compléter leur formation ou de développer de nouvelles compétences.
Cette offre en formations continues ambitionne également de proposer l’accès à des métiers ou des compétences d’avenir et donc, de coller au mieux aux évolutions au sein des entreprises. Quelques exemples de formations dispensées par l’IFAPME:
- Isolateur bioclimatique,
- Concepteur d’animation 3D,
- Eco-construction basse énergie,
- Vendeur conseil en produits bio.
Un partenariat avec les entreprises
Si, historiquement, l’IFAPME, de par sa pédagogie par l’alternance, a toujours été proche des entreprises, l’institut a récemment encore accentué sa collaboration avec certains acteurs économiques, comme en décembre dernier, avec la création d’une collaboration avec l’entreprise Wanty. Ainsi deux formations en alternance ont été préparées sur mesure pour l’entreprise binchoise. L’objectif est d’aider l’entreprise spécialisée dans les travaux d’infrastructures à faire face à deux défis majeurs dans son développement: la pénurie de recrutement et la formation du personnel.
Depuis janvier, l’IFAPME et Wanty forment, en alternance, une vingtaine de candidats à deux métiers spécifiques qui répondent aux besoins du groupe dans son développement: des opérateurs d’engins de génie civil et des ouvriers en voiries et réseaux divers. Concrètement, les cours théoriques se donnent durant deux mois dans le Centre IFAPME Mons-Borinage-Centre. Les exercices pratiques et les 8 mois de stage s’effectuent directement au sein de l’entreprise Wanty.
“A l’heure actuelle, les métiers changent et les besoins des entreprises évoluent. L’IFAPME et ses formations font donc preuve de flexibilité pour s’adapter au mieux à cette réalité. Travailler pour et avec les entreprises est essentiel pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre dans certains métiers. Nous espérons que ce partenariat avec le groupe Wanty en appellera d’autres pour soutenir et créer de l’emploi en Wallonie”, explique Nicole ROLAND, Administratrice générale de l’IFAPME.
Devenir chef d’entreprise ou indépendant
Pour celles et ceux qui auraient la fibre entrepreneuriale, l’IFAPME est aussi la bonne adresse. A travers un parcours de formations concrètes, l’IFAPME accompagne le porteur de projet dans ses démarches et ses réflexions sur la création de son projet d’entreprise. Un accompagnement qui peut prendre différentes formes et qui est alimenté, notamment, pas des indépendants en activité.
Quelles formations demain?
Le défi principal auquel est confronté le monde de la formation est de rester au contact de l’évolution des besoins des entreprises en termes de qualifications, mais aussi, et plus largement, de tenter d’anticiper les évolutions de la société. Et, que ce soit au sein des établissements d’enseignement ou dans les centres de formations, les catalogues de cours ou de formations voient régulièrement apparaître des nouveautés.
Ainsi, par exemple, la Haute Ecole Condorcet propose, depuis ce mois de février 2019, une formation en agriculture urbaine et productions hors sols. Un créneau en plein développement et qui répond à une demande sociétale pour une agriculture de proximité, en ce compris la revalorisation d’espaces urbains et le développement de filières coopératives alliant la production de nourritures et les enjeux environnementaux conduit les acteurs de l’agronomie à repenser des systèmes de culture adaptés à des petits espaces, en termes d’outils techniques et institutionnels.
De nouvelles écoles pour contrer les pénuries
Des nouveaux acteurs de la formation apparaissent également. A l’image de l’école BeCode (cf. Portrait) qui a ouvert ses portes en 2018, à Charleroi. A travers une pédagogie participative et où les Soft Skills sont particulièrement mises en avant, cette école forme les futurs professionnels du web développement. Un secteur où la pénurie de postes est évaluée à 30 000 d’ici à 2020.
Et BeCode participe à la création d’un véritable pôle numérique en bord de Sambre puisqu’à quelques mètres de BeCode (l’école est installée au sein du Quai 10), la Co-Station a installé ses quartiers. Un espace de co-working qui accueille des start-up innovantes.
C’est dans ce cadre que prend forme le pôle de la formation numérique: le projet E6K porté par l’IFAPME. Il répond à l’un des axes forts du plan CATCH visant à accélérer la croissance de l’emploi dans la région. L’institut travaille donc sur un projet pilote pour renforcer, développer et intégrer son offre de formations au sein de ce véritable “quartier numérique” en plein développement à Charleroi. “L’idée est de pouvoir être en connexion directe avec d’autres entreprises et opérateurs actifs dans ce secteur tourné vers l’avenir. Il y a là une opportunité à ne pas rater pour développer de solides partenariats et pour répondre aux demandes futures du marché de l’emploi dans ce domaine”, déclare Nicole ROLAND, Administratrice générale de l’IFAPME.
Aurélien LAURENT