Créés à Charleroi au début du XXe siècle, les ACEC (Ateliers de Construction électrique de Charleroi) ont été un fleuron de l’industrie belge, avant de lentement décliner et d’être démantelés en plusieurs entités dont certaines absorbées par des grands groupes étrangers comme Suez. Mais le nom ACEC n’a pas totalement disparu puisque sa division chauffage a survécu au travers d’une entreprise, ACIT, aujourd’hui implantée au Roeulx et dont les projets l’ancrent solidement dans le marché des énergies renouvelables.
Il se qualifie lui-même de vieux dinosaure. Daniel L’HOIR a intégré la division chauffage des ACEC en 1971. Et près de 50 ans plus tard, c’est lui qui, avec son associé Lucien CECCI, ancien des ACEC également, défend toujours fièrement les quatre lettres qui ont jadis contribué à la prospérité économique belge. Et si l’histoire continue encore aujourd’hui, c’est grâce à une expertise développée dès les années 60 et qui prouve, 6 décennies plus tard, encore toute sa pertinence.
“Dans les années 60, la division chauffage des ACEC a noué un partenariat avec un Suisse qui a conçu des chauffages à bois qui pouvaient stocker de la chaleur”, explique Daniel L’HOIR. Un système de chauffage dont les ACEC se sont inspirés pour développer leurs chauffages électriques à accumulation. “Ils ont remplacé le bois par des résistances électriques et créé ainsi les premiers chauffages électriques à accumulation. Les ACEC étaient alors les pionniers dans ce domaine et on en a vendu un peu partout”. Des chauffages qui existent toujours aujourd’hui et qui permettent de produire de la chaleur aux périodes où l’électricité est la moins chère, pour ensuite la diffuser durant les heures pleines.
Si, historiquement, la division chauffage des ACEC était installée dans la périphérie bruxelloise, à Drogenbos, l’entreprise est implantée depuis le début des années 90 dans la ville du Roeulx. Une histoire récente qui n’a pas été épargnée par les difficultés, puisqu’en 1999, la société fait faillite. Mais le duo L’HOIR – CECCI n’a pas voulu que leur outil disparaisse définitivement et convaincus que l’entreprise pouvait encore avoir un avenir, en novembre 1999, ils ont racheté les machines et surtout, la marque. Le tout abrité dans une nouvelle structure: ACIT, Atelier de Conception d’Installations thermoélectriques.
Grâce à cette nouvelle impulsion, les chauffages ACEC ont pu continuer à équiper de nombreux particuliers mais aussi des entreprises. Un succès qui a largement dépassé les frontières belges puisque, par exemple, des chaudières à accumulation ont été installées en Europe mais aussi aux Etats-Unis.
Si le principe de base des chauffages à accumulation n’a pas évolué depuis les années 60, ces dernières années, l’entreprise rhodienne lui a donné une nouvelle déclinaison avec l’apparition des énergies durables. “Avec une production classique d’électricité, nos chauffages accumulent la chaleur durant les heures creuses pour la restituer en journée. Nous avons appliqué ce même principe avec la production d’électricité via panneaux solaires”.
Concrètement, le Solar Preheater et l’Accubloc, conçus par ACIT, permettent de récupérer tout le surplus d’énergie produit par des panneaux solaires pour préchauffer l’eau chaude sanitaire ou fournir de l’électricité pour le chargement de batteries, comme celles de vélos électriques. Ils augmentent ainsi sensiblement l’autoconsommation d’énergie. “Aujourd’hui, le propriétaire de panneaux photovoltaïques ne consomme qu’une petite partie de ce qu’il produit; entre 20 et 30 %. Le reste est renvoyé vers le réseau. Avec, à la clef, une faible rétribution par rapport aux volumes d’énergie produits. Ce principe du compteur qui tourne à l’envers a même disparu à Bruxelles depuis le 1er janvier 2020 et les autres régions vont suivre. L’enjeu est donc, aujourd’hui, de rentabiliser au mieux l’énergie produite par son installation”, argumente Daniel L’HOIR.
Et, ce qui est vrai pour le particulier, l’est d’autant plus pour les entreprises qui ne profitent pas du même système de compteurs inversés. “Aujourd’hui, nous sommes quasiment contraints de payer le gestionnaire de réseau pour renvoyer de l’électricité”, s’étonne l’administrateur délégué d’ACIT. L’entreprise fournit donc des solutions sur mesure, notamment aux structures qui sont de grandes consommatrices d’eau chaude. “Nous avons récemment installé notre système dans une maison de repos et, depuis février, elle n’a plus eu recours au réseau électrique pour sa production d’eau chaude!”.
Reste deux obstacles à franchir. Sortir du système des compteurs qui tournent à l’envers, ce qui est déjà le cas à Bruxelles et qui le sera bientôt aussi en Wallonie, malgré le débat autour du tarif prosumer. Et ensuite, promouvoir davantage l’autoconsommation et les dispositifs qui y contribuent, notamment via des incitants financiers. “Notre technologie est au point et elle est extrêmement fiable. Il faut maintenant convaincre”, conclut Daniel L’HOIR.
Aurélien LAURENT