AEPS (Aviation English Private School) est un centre de formation et de certification d’anglais pour pilotes d’aéronefs basé à Mons et fondé en 2013 par Olivier THAON et Juliette BODSON. Depuis sa création, le centre a formé ou certifié plus de 1 000 pilotes à travers le monde.
Confrontée à l’explosion du trafic aérien notamment hors Europe et Amérique du Nord, l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI) a décidé, en 2008, de fixer des normes de connaissances minimales de l’anglais. Une décision rendue indispensable par le constat que la langue de Shakespeare n’était pas suffisamment maîtrisée par les acteurs aéronautiques. “Des gens sont morts car des pilotes et des contrôleurs aériens ne se sont pas compris. Il fallait donc réagir et l’OACI a imposé de nouvelles normes à ses membres”, explique Olivier THAON, le fondateur et gérant d’AEPS. Et, en 2011, cette compétence normative a été transmise pour l’Union européenne à l’EASA, European Union Aviation Safety Agency.
Un pied de nez à son histoire personnelle
C’est dans ce contexte qu’Olivier THAON a lancé son école, en 2013, alors que son parcours professionnel avait pourtant pris une toute autre trajectoire. “J’ai une formation d’informaticien et j’ai travaillé dans ce secteur durant 10 ans à Bruxelles notamment à la Commission européenne”, raconte-t-il. Mais, usé par les trajets, il a choisi de revenir vers sa terre natale montoise et d’explorer une nouvelle voie professionnelle avec, en tête, un vieux souvenir d’école. “Durant mon parcours scolaire, on m’a toujours dit Monsieur THAON, vous êtes mauvais en anglais et en néerlandais. Et, à force de me le répéter, j’ai fini par le croire. Et pourtant, à la Commission, au milieu des 27 nationalités de l’UE, j’ai constaté que, finalement, je ne me débrouillais pas trop mal en anglais”. De retour à Mons à la recherche d’une reconversion, Olivier THAON a donc décidé de faire un pied de nez à ses anciens professeurs et lancer une école… de langues. Et, le principe des formations proposées à l’origine par Olivier THAON est basé sur la pratique. “Il est important d’oser parler. D’oser faire des fautes. De ne pas se sentir jugé en permanence. Pour moi, l’idée est de parvenir à communiquer. C’est quand même l’essentiel. Donc, il faut parler. Et pour parler, il faut oser. Et si on n’ose pas, on ne sait pas communiquer”. C’est donc avec ce principe simple en tête qu’Olivier THAON a lancé son école.
Restait alors à faire le lien avec le secteur aéronautique. Et, heureuse coïncidence de l’histoire, à la même époque le fondateur d’AEPS a entrepris une formation de pilotage à l’aérodrome de Saint-Ghislain. Il a donc pu nouer de nombreux contacts avec des pilotes en herbes confrontés à un besoin de mise à niveau en anglais. Et, c’est ainsi que le centre de formation en anglais spécialisé dans l’aéronautique a vu le jour en 2013.
Mais l’univers de l’aéronautique est particulièrement large et plusieurs mondes cohabitent avec deux grandes catégories: les pilotes professionnels et les pilotes privés. Et, au niveau des certifications de langues, ces deux catégories de pilotes étaient versées dans le même panier. “Pourtant, piloter un petit Cesna 2 places, ce n’est pas vraiment la même chose que d’être aux commandes d’un Airbus”, explique Olivier THAON. Le fondateur d’AEPS a donc pris son bâton de pèlerin et a frappé à la porte de l’administration belge afin de la conscientiser sur l’inadéquation des certifications d’anglais. Un constat partagé également par l’Agence européenne de Sécurité aérienne. Plusieurs niveaux d’anglais ont donc été instaurés. Dans la foulée, AEPS a ainsi pu développer des cours et des certifications contextualisées à l’environnement de vol réel des pilotes.
Les Français mauvais en anglais
Rapidement, en plus des cours de langue, AEPS est donc devenu un centre de certification reconnu au niveau européen. Et le secteur aéronautique ne connaissant pas ou peu les frontières, la réputation du centre d’Olivier THAON a rapidement débordé du cadre belge. “Très vite, nous avons eu des demandes notamment coté français. Et, si dans un premier temps, les élèves venaient à nous, nous avons ensuite changé notre modèle de fonctionnement et nous nous sommes installés sur le marché hexagonal”, explique le fondateur d’AEPS. Un besoin français d’autant plus grand que l’anglais n’était pas encore très répandu dans la communauté aéronautique tricolore. Et, que certains pilotes ont même perdu leur droit à voler par manque de connaissance de l’anglais.
Depuis 2017, AEPS a donc développé une filiale française qui est implantée à Bordeaux avec une deuxième antenne située sur le site du Bourget qui héberge l’aéroport Paris – Le Bourget. “Nous avons créé une filiale française tant les demandes étaient nombreuses et, aujourd’hui, la part la plus importante de notre activité se réalise d’ailleurs en France”. Et, en parallèle de la certification des pilotes, l’école forme et certifie aussi d’autres catégories de personnes comme les mécaniciens ou les personnels au sol de certaines compagnies.
Et la France, c’est l’Hexagone, mais c’est aussi les départements et territoires d’outre-mer, les DOM-TOM. “Nous avons débuté par Nouméa en 2015 où j’avais une connaissance qui travaillait dans une petite compagnie aérienne”. Et l’efficacité d’AEPS a été tellement importante dans cette région reculée du Pacifique sud que l’administration française y a fermé son service de certification. La petite structure montoise y assure donc désormais, seule, ce rôle primordial dans la chaîne du transport aérien en Nouvelle-Calédonie. Forte de cette réussite, AEPS s’est aussi implantée en Martinique et en Guadeloupe. Et la Réunion est venue compléter ce panel exotique en 2018. Sans oublier Tahiti, où Olivier THAON a prévu de poser ses manuels d’anglais dans quelques mois. Et, si l’accent français est majoritaire parmi les clients et partenaires de la petite entreprise belge, AEPS rayonne un peu partout, notamment en Allemagne et au Portugal. Et, au total, en 2018, 1 200 pilotes dans le monde ont été certifiés par AEPS.
En parallèle de son rôle de certificateur, AEPS n’a pas oublié son rôle de formateur. Et l’école développe toujours de nombreux cours d’anglais en lien direct avec le secteur aéronautique. Avec deux possibilités principales. D’une part, les cours classiques dispensés à Mons ou via des partenaires européens ou internationaux et d’autre part du e-learning via sa plate-forme Touch English & Go. Un deuxième volet en plein développement. “Il y a une réelle demande pour des cours à distance”, explique Olivier THAON, “tout n’est pas possible notamment si le niveau de départ de l’élève est trop faible mais pour les autres c’est une vraie solution qui offre une grande flexibilité et qui peut se faire évidemment partout, sans frontière”. Six ans après son décollage, AEPS est donc toujours en phase ascendante et si les turbulences sont inhérentes au secteur, l’école montoise voit sa vitesse de croisière toujours progresser.
Aurélien LAURENT