Dans ce deuxième extrait du documentaire L’intelligence des arbres, diffusé par Jupiter Films à partir du 27 septembre, voyons comment l’étude des échanges de sucres entre les arbres d’une forêt montre une sorte de nourrissage : les arbres les plus jeunes reçoivent davantage de glucides qu’ils n’en donnent. Les auteurs désignent ce phénomène « arbre-mère ». Un concept passionnant.
Dans l’extrait précédent de L’intelligence des arbres que nous avions diffusé (ce documentaire de Jupiter Films sortira en France au cinéma le 27 septembre), Suzanne Simard (écologiste) et Peter Wohlleben (forestier) nous avaient présenté la découverte d’un véritable réseau reliant plusieurs arbres. Celui-ci fonctionne grâce à l’association, connue de longue date, entre des champignons et des racines, la mycorhize. Suzanne Simard avait démontré l’échange de sucres entre individus.
Les études suivantes ont montré qu’à l’échelle d’un groupe d’arbres ainsi réunis, les échanges sont majoritairement dirigés des plus vieux vers les plus jeunes. Ce « Wood Wide Web » sert de passage de nourriture, conduisant à la notion « d’arbre-mère ». Au laboratoire, ces échanges via le réseau fongique (les champignons) ont été démontrés sur des sapins de Douglas. Placés dans le même pot mais isolés dans des filtres, des arbres se transmettent des substances, même si leurs racines ne se touchent pas, à condition toutefois que les filaments de champignons puissent, eux, traverser le tissu. Ces échanges sont effectivement directifs : un petit arbre déjà bien installé absorbe davantage de sucres qu’il n’en a besoin. Il transmet le surplus à celui qui est arrivé plus tard et qui dispose de moins de ressources.
Un regard neuf sur le monde végétal
Pour expliquer ces échanges, les biologistes interrogés utilisent des expressions pouvant sembler anthropomorphiques : « arbre-mère », nourrissage, allaitement… Ce ne sont, bien sûr, que des images pour faire comprendre les phénomènes en jeu. En fait, ces analogies ne sont pas exactement anthropomorphiques. Elles s’appuient sur une vision non pas seulement humaine, mais animale….