Le 1er mai 2018, les vignes du tout nouveau vignoble de Nouvelles (Mons) ont été plantées. Situé à mi-chemin entre le vignobles des Agaises (Ruffus) et celui du Chant d’Eole, ce nouveau venu proposera un vin pétillant produit selon la méthode champenoise. Avec une particularité: il est planté sur le site reconnu patrimoire mondial à l’UNESCO des minières néolithiques de Spiennes.
Pour Vincent De Busscher, la création du vignoble de Nouvelles, c’est avant tout une histoire d’amitié. L’amitié entre Vincent et la famille champenoise Potié. Durant dix ans, Vincent De Busscher s’est rendu à Condé-sur-Marne pour les vendanges. De fil en aiguille, la relation entre le vendangeur belge et les propriétaires s’est transformée en histoire d’amitié. Vincent a ainsi pu découvrir au plus près les différentes facettes du travail de la vigne et du vin: taille, effeuillage, palissage, pressoir, cuveries, fermentations, embouteillages, etc.
Une rencontre et une amitié qui ont donné naissance à une passion. Une passion qui a rapidement fait germer dans l’esprit du Belge l’envie de planter des vignes de l’autre côté de la frontière. “Le processus a pris du temps car il a fallu trouver un terrain implanté sur le terroir idéal, c’est-à-dire avec des sols similaires à ceux de la Champagne”, explique Vincent De Busscher. Et face aux prix inabordable des terres, la solution est passée par la collaboration avec un important propriétaire terrien de Nouvelles sur l’entité de Mons qui détenait un terrain de 4 hectares idéalement situé sur un coteau exposé au sud.
Mais malgré son expérience lors de ses visites en Champagne, Vincent De Busscher n’a pas voulu jouer à l’apprenti vigneron et a logiquement sollicité ses amis de Condé-sur-Marne. “Les démarches ont pris tellement de temps pour trouver un terrain que mes amis producteurs étaient proches de la retraite. C’est donc la jeune génération, à travers Laurianne (fille de mes amis champenois), qui a choisi de s’associer à mon projet”.
Le 1er mai, la grande aventure a débuté avec la plantation de 17 500 pieds répartis entre les cépages traditionnels de Champagne: le chardonnay, le pinot noir et le pinot meunier. Des jeunes vignes qui ont déjà connu un été difficile puisqu’elles ont dû affronter de plein fouet la sécheresse du mois de juillet. “Nous sommes passés à deux doigts de tout perdre“, explique Vincent De Busscher. Les vignes étant encore peu enracinées, elles ne sont pas encore capables de constituer des réserves d’eau. La petite équipe a donc du sortir les grands moyens afin d’arroser à plusieurs reprises le vignoble. “Les pinots meuniers et les chardonnays ont bien résisté, mais les pinots noirs ont souffert”, constate le néo-viticulteur. Le vignoble de Nouvelles aura donc vécu une naissance chahutée. Mais pas de quoi refroidir l’enthousiasme de Vincent De Busscher et de son associée, bien décidés à produire un vin pas tout à fait comme les autres. “Outre le fait d’être situé sur un terroir similaire à celui de la craie de Champagne, nos vignes sont plantées sur le site des minières de Spiennes, le sol est donc également constitué de silex ce qui donnera des vins tendus, assez minéraux”, précise la Champenoise Laurianne Lejour-Potié. Avec la particularité sans doute unique au monde d’avoir un vignoble situé sur un site UNESCO.
Et le vin que produiront Vincent et Laurianne sera respectueux de l’environnement avec une viticulture intégrée. “Nous nous sommes adjoint l’expertise de la faculté de Gembloux afin de n’employer que des produits bio reconnus en Belgique et nous utiliserons un pulvérisateur équipé de panneaux récupérateurs”, ajoute le viticulteur. Un dispositif qui limite au maximum la dispersion et qui sera employé pour la première fois dans un vignoble belge.
Et la start-up vinicole montoise n’entend pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’elle est déjà à la recherche d’autres terrains pour s’implanter. “Nous débutons les discussions avec de nouveaux propriétaires. Nous espérons planter quatre nouveaux hectares en 2019 et quatre autres en 2020”, s’enthousiasme Vincent De Busscher. Le jeune domaine est également à la recherche d’un terrain ou d’un site où implanter son chai. Les projets ne manquent donc pas! Avec en ligne de mire la dégustation des premières bulles de Nouvelles d’ici trois ans. Un laps de temps qui permettra au domaine de se trouver… un nom!
Aurélien LAURENT